Le 4 septembre 2025, le ministère des Armées a inauguré à Suresnes son nouvel atout stratégique : un supercalculateur classifié baptisé ASGARD. Installée au Mont-Valérien, cette infrastructure de pointe, financée dans le cadre de la Loi de programmation militaire, marque une étape clé pour l’intelligence artificielle appliquée à la défense. Avec cette capacité souveraine, la France entend accélérer ses développements technologiques, préserver son autonomie et s’imposer comme référence en Europe.
ASGARD : l’intelligence artificielle de défense prend racine à Suresnes
ASGARD est hébergé dans une enceinte hautement sécurisée du Mont-Valérien. C’est là, à deux pas de Paris, que l’armée concentre désormais ses ressources de calcul les plus sensibles. Le choix du site n’est pas anodin : infrastructures protégées, proximité avec les centres de décision, capacité à travailler en environnement classifié.
L’ambition est claire : franchir un seuil. Le communiqué officiel souligne qu’ASGARD « sera capable d’entraîner des modèles d’IA dits de fondation ». Ces architectures, parmi les plus complexes du moment, exigent une puissance de calcul hors norme. Avec cette installation, la France revendique le rang de « plus puissant supercalculateur militaire d’Europe, le 3ᵉ au monde ». Pour Sébastien Lecornu, l’enjeu est immédiat : « Il faut aller aussi vite que possible dans le domaine de l’intelligence artificielle, et cela suppose une puissance de calcul à la hauteur », relaye 20 Minutes.
L’intelligence artificielle militaire : des applications concrètes pour la défense en Europe
Les cas d’usage sont multiples. L’IA embarquée doit améliorer l’autonomie des systèmes : drones, robots terrestres, véhicules blindés. L’IA des opérations apportera un appui décisif en traitement du renseignement et en analyse en temps réel. Enfin, l’IA organique soutiendra la logistique, la maintenance et la préparation opérationnelle. Tous ces champs nécessitent une machine capable de digérer des flux massifs, classifiés et hétérogènes.
Le calendrier est déjà lancé. L’inauguration a eu lieu début septembre, mais l’exploitation commencera progressivement. « On pourra commencer à entraîner nos modèles dans deux mois », confiait un responsable à Les Échos. L’objectif fixé est une pleine capacité opérationnelle d’ici fin 2025. Cette montée en puissance s’inscrit dans un contexte de réarmement : la dernière actualisation de la LPM réserve 10 milliards d’euros à l’innovation, avec une priorité nette à l’intelligence artificielle.
Gouvernance, sécurité et industrialisation de l’intelligence artificielle militaire
La gouvernance d’ASGARD a été confiée à l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (AMIAD), avec un appui structurant du Commissariat au numérique de défense (CND). Tous les opérateurs seront des personnels habilités secret-défense, garantissant un niveau de sécurité maximal. L’infrastructure n’accueillera donc aucune donnée extérieure sans validation stricte, ce qui préserve la souveraineté française et son indépendance vis-à-vis de partenaires étrangers.
Au-delà de l’outil, c’est l’écosystème qui se structure. L’AMIAD, dotée d’un budget de 300 millions d’euros et d’un plan de 300 recrutements d’ici 2026, devient le bras armé de l’IA militaire. Associée à des partenaires industriels comme Mistral AI, elle incarne l’ambition d’une filière française, arrimée à l’Europe, mais affranchie des dépendances stratégiques.
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