L’intelligence artificielle (IA) fait de plus en plus parler d’elle dans le milieu militaire, surtout avec des conflits récents comme celui entre l’Ukraine et la Russie. En France, le ministère des Armées booste ses moyens techno en inaugurant un supercalculateur classifié, baptisé Asgard, sur le site du Mont Valérien à Suresnes. Cet événement représente une étape déterminante pour la souveraineté numérique française et pour conserver une bonne place dans la course mondiale à l’innovation en matière de défense.
Une avancée technologique impressionnante
Asgard est présenté comme « le plus grand d’Europe » et se positionne en troisième place au niveau mondial. Sa mission principale ? Entraîner et spécialiser des modèles d’IA pour gérer, en toute indépendance, des données confidentielles destinées aux armées et aux entreprises de défense françaises, un environnement de simulation essentiel. Grâce à des capacités de calcul bien améliorées, ce supercalculateur traite rapidement un volume important de données secrètes issues du ministère des Armées, facilitant ainsi le suivi des signaux sur les théâtres d’opérations.
La création de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense, l’Amiad (installée près de Rennes), s’inscrit aussi dans cette dynamique, soutenue par une base industrielle et technologique solide. Sous la direction de Bertrand Rondepierre, l’Amiad joue un rôle clé en développant des projets comme celui baptisé Pendragon, orienté vers la robotique militaire. Actuellement composée de 150 personnes, l’agence prévoit d’atteindre 200 effectifs d’ici fin 2024, en élargissant son éventail de compétences tout en collaborant avec des industriels tels que Mistral.
Des applications variées et des enjeux stratégiques
Les algorithmes conçus grâce à Asgard s’appliquent à plusieurs domaines : ils permettent notamment le traitement de texte avec un vocabulaire spécifique pour le renseignement militaire, la détection radar d’objets ou de menaces, et même la robotique militaire via le projet Pendragon. Ce dernier vise à créer une unité robotique de combat innovante, soutenue par le Commandement du combat futur de l’armée de Terre (CCF).
La sécurité et la souveraineté sont au cœur du projet Asgard, tout comme les systèmes anti-aériens modernes pour la défense du ciel français. Le supercalculateur est complètement déconnecté d’Internet et géré par du personnel habilité « secret défense », ce qui garantit qu’« aucun industriel américain n’y a accès » (même si les puces GPU proviennent de Nvidia). Sébastien Lecornu, ministre des Armées, indique que ce dispositif permettra aux armées françaises de tester l’IA intégrée aux systèmes d’armes tout en maintenant un haut niveau de protection. Il offrira également aux industries de défense la possibilité d’exploiter ces technologies sans risquer d’espionnage.
Les investissements et le futur tech
Depuis 2017, quand Jean-Yves Le Drian évoquait l’IA comme un « enjeu stratégique », la France n’a cessé de miser gros dans ce secteur pour ne pas se laisser dépasser par les États-Unis, la Chine ou la Russie. La Loi de programmation militaire (LPM) 2019-25 prévoyait déjà un investissement annuel de 100 millions d’euros dans l’IA, un effort qui s’est confirmé avec la LPM 2024-30, dotée d’une enveloppe globale de 600 millions d’euros, dont 200 millions pour les années 2024 et 2025.
En mars 2024, Sébastien Lecornu a annoncé l’achat du supercalculateur Asgard ainsi que la création de l’Amiad. L’appel d’offres ASGARD, remporté par Hewlett Packard en association avec Orange, avait suscité quelques réserves sur une éventuelle dépendance aux États-Unis, mais il reste indispensable pour maintenir l’avance européenne.
L’installation d’Asgard au Mont Valérien prouve aussi que toutes les exigences techniques de son bon fonctionnement sont scrupuleusement respectées. Equipé de 1 024 puces de dernière génération qui offrent une puissance démultipliée, le supercalculateur a une durée de vie opérationnelle initiale estimée à deux ou trois ans avant de potentiellement être remplacé ou que ses composants soient réaffectés.
Alors que la France continue de progresser dans le domaine de l’intelligence artificielle appliquée à la défense, elle se positionne résolument comme leader en Europe et se prépare à rivaliser sur la scène internationale avec des puissances telles que les États-Unis et la Chine.
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