Nigeria : la purge de l’armée commence

Le président du Nigeria vient de renvoyer plusieurs hauts gradés de l’armée. Une manière pour le pouvoir de purger une partie des troupes soupçonnées d’avoir élaboré un coup d’État. Pour autant, aucun acte officiel n’a été commis.

Vague de licenciements dans l’armée au Nigeria

Le président Bola Ahmed Tinubu a décidé de frapper fort dans la hiérarchie de l’armée au Nigeria. Une sévérité, nécessaire selon lui, afin de répondre à des allégations de complot. Dans un climat tendu, la purge de l’armée s’impose comme une réponse aux remous internes. Il y a quelques semaines, les autorités avaient annoncé l’arrestation de 16 officiers pour « conduite non professionnelle ». Quelques jours plus tard, des médias nigérians affirmaient que plus d’une vingtaine d’officiers étaient soupçonnés d’un projet visant à renverser l’administration du président Tinubu.

Parallèlement, la logique militaire se trouve ébranlée : cette opération de purge affole les rangs et souligne la fragilité de la hiérarchie. Les limogeages annoncés s’inscrivent dans un contexte où l’armée du Nigeria doit à la fois combattre une insurrection dans le nord-est, s’attaquer aux bandits dans le nord-ouest et contenir un mouvement séparatiste dans le sud-est. Dans le détail, le président du pays a remercié les chefs de l’armée de terre, de l’air et de la marine ainsi que le chef d’état-major des armées. Par exemple, il a nommé le général Olufemi Oluyede nouveau chef de la défense en remplacement du général Christopher Musa.

Selon une déclaration de la présidence, cette mesure vise à « justifier la confiance placée en eux pour renforcer le professionnalisme, la vigilance et la camaraderie qui caractérisent les forces armées du Nigeria ». Ce remaniement marque une purge de facto : le commandement est désormais réservé à des éléments proches du président ou jugés plus loyaux. Dans un contexte déjà fragile, la purge de l’armée pourrait aussi viser à prévenir l’émergence d’une opposition militaire ou d’une nouvelle tentative de coup d’État.

Risques et signaux pour la sécurité nationale

 Le remaniement intervient après des rumeurs persistantes de complot au sein de l’armée pour renverser le président. Il faut dire que, depuis son élection en 2023, Bola Ahmed Tinubu est très critiqué. Son inaction pour juguler l’insécurité grandissante est pointée du doigt par ses opposants et une partie de la population nigériane. Sans oublier que la crise économique touche toujours le pays, sans qu’aucune solution durable ne soit trouvée pour inverser la tendance. Ainsi, pour la presse nigériane, cette opération pourrait « consister à couper l’herbe sous le pied des comploteurs ou à sanctionner des officiers jugés inefficaces ».

Sur le terrain, cette purge de l’armée au Nigeria envoie un signal fort : d’une part, elle affirme l’autorité présidentielle ; d’autre part, elle introduit une instabilité dans un contexte déjà tendu par l’insurrection islamiste, le banditisme et les conflits séparatistes.

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre Newsletter gratuite pour des articles captivants, du contenu exclusif et les dernières actualités.