Depuis plusieurs semaines, la guerre fait rage au Soudan. Les paramilitaires viennent de prendre le contrôle d’El-Fasher. Désormais, les combats vont concerner la région du Kordofan.
La guerre au Soudan s’étend au Kordofan
La situation militaire au Soudan connaît un basculement majeur. Après la prise d’El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour, les affrontements se concentrent désormais dans la région du Kordofan, cœur logistique entre Khartoum et l’ouest du pays. Les militaires soudanais tentent de reprendre la ville de Babanusa, tandis que les paramilitaires de Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemedti, consolident leurs positions dans le Kordofan-Ouest et le Kordofan-Nord, marquant une nouvelle phase du conflit.
Depuis la chute d’El-Fasher, les combats se sont intensifiés autour de Babanusa, où les Forces de soutien rapide (FSR) ont lancé plusieurs assauts contre les troupes gouvernementales. Cette localité, carrefour ferroviaire reliant le Darfour à Khartoum, constitue un objectif stratégique pour les deux camps.
Les forces armées soudanaises (SAF), dirigées par le général Abdel Fattah Al-Burhan, peinent à contenir la progression des FSR. Celles-ci contrôlent déjà une large partie du Darfour et avancent désormais vers El-Obeid, capitale du Kordofan-Nord, où se trouvent d’importantes infrastructures logistiques. Le contrôle du Kordofan représente bien plus qu’un enjeu territorial. Cette région abrite d’importants gisements pétroliers, ainsi que des voies commerciales reliant le centre du pays au Soudan du Sud. Pour les militaires, perdre ce territoire reviendrait à céder le centre économique du pays. Pour les paramilitaires, l’emporter signifierait consolider leur domination sur plus de la moitié du territoire soudanais.
Des civils piégés dans un conflit sans répit
Les conséquences humanitaires du conflit dans le Kordofan sont catastrophiques. D’après plusieurs médias, « au moins 40 personnes ont été tuées lors d’affrontements récents dans la région du Kordofan-Ouest ». Des milliers de civils ont pris la route vers le Nil-Blanc et le Soudan du Sud, dans des conditions de grande précarité. Les infrastructures de santé sont détruites et les convois humanitaires peinent à atteindre les zones de combat.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), près de 9 millions de personnes sont désormais déplacées à l’intérieur du Soudan, dont plusieurs centaines de milliers dans la seule région du Kordofan. Les routes menant à El-Obeid et Babanusa sont devenues des couloirs d’évacuation saturés, où les véhicules militaires côtoient les convois de civils.
La Cour pénale internationale (CPI) a d’ailleurs rappelé, il y a quelques jours, que certaines attaques pourraient constituer des crimes de guerre. Son procureur, Karim Khan, a déclaré : « Les crimes commis au Darfour et dans d’autres régions du Soudan relèvent de notre compétence et feront l’objet d’enquêtes rigoureuses. » Cette mise en garde souligne l’ampleur des violations commises par les deux camps. Face à l’escalade, plusieurs ONG dénoncent un effondrement total de l’État soudanais. Les autorités locales n’ont plus aucun moyen d’assurer la sécurité des populations.
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