Depuis son attaque sur plusieurs sites clés, Donald Trump affirme qu’il ne reste plus rien du programme nucléaire iranien. Mais l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doute de cette version.
Le programme nucléaire iranien toujours debout ?
Le 22 juin 2025, les États-Unis ont déclenché l’« Opération Midnight Hammer », une série de frappes visant les infrastructures nucléaires iraniennes à Fordo, Natanz et Ispahan. Quelques jours plus tard, le président Donald Trump affirmait que les installations avaient été « complètement détruites ». À ses côtés, Benjamin Netanyahu saluait une « victoire historique » contre l’Iran.
Mais l’AIEA, par la voix de son directeur général Rafael Grossi, apporte un démenti cinglant. Lors d’une déclaration, il précise : « Les frappes ont causé des dommages importants, mais pas complets. » En clair : le nucléaire iranien n’est pas mort, juste égratigné. Un message que Rafael Grossi martèle sans ambages depuis le début de la crise, rappelant que la destruction d’un programme ne passe pas uniquement par la casse de ses infrastructures, mais aussi par la neutralisation de ses ressources humaines, scientifiques et techniques.
Le plus inquiétant, selon l’AIEA, réside dans les capacités intactes de relance du programme. « Téhéran pourrait recommencer à enrichir de l’uranium d’ici quelques mois », alertait Rafael Grossi. Malgré les frappes, plusieurs cascades de centrifugeuses demeurent opérationnelles, notamment dans les galeries souterraines de Fordo, plus résistantes aux bombes que ne l’avait anticipé le Pentagone.
L’Iran conserve également, selon l’AIEA, des stocks d’uranium enrichi à 60 %, un seuil extrêmement préoccupant car proche du niveau nécessaire à la fabrication d’une arme nucléaire. L’absence de contrôles dans les prochaines semaines, combinée à ces réserves, pourrait propulser Téhéran à nouveau au seuil nucléaire.
Guerre diplomatique : Téhéran coupe les ponts
Mais la réponse iranienne aux inquiétudes de l’AIEA ne s’est pas fait attendre. Le Parlement a voté, il y a quelques jours, la suspension de la coopération avec l’agence onusienne. La visite des inspecteurs dans les sites bombardés a été catégoriquement refusée. Et les menaces contre Rafael Grossi ne sont plus de simples rumeurs : un journal iranien, Kayhan, a appelé à son « exécution ».
Face à cette escalade verbale, la diplomatie française a réagi avec fermeté. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères condamne « fermement » ces menaces et appelle l’Iran à « assurer la sûreté et la sécurité des personnels » de l’AIEA. De son côté, l’ambassadeur iranien auprès de l’ONU, Amir Saeid Iravani, tente de minimiser : « Non, il n’y a aucune menace contre les inspecteurs ou le directeur général de l’AIEA », a-t-il déclaré à CBS. Mais le mal est fait. Et l’ambiguïté entretenue par Téhéran alimente le soupçon international.
Cette séquence met cruellement en lumière l’échec d’une logique purement militaire. Malgré les frappes, le programme nucléaire iranien n’est ni anéanti ni totalement paralysé. Ce constat est partagé par de nombreux analystes, notamment au sein de la communauté du renseignement américaine, qui reconnaît « une marge d’incertitude trop grande pour affirmer que la menace est éliminée ». En somme, il pourrait s’agir d’un camouflet militaire, diplomatique et politique pour Donald Trump.
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