Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées françaises, a tiré la sonnette d’alarme sur des tensions géopolitiques qui se faisaient de plus en plus sentir en Europe. Alors qu’il se prépare à quitter ses fonctions le 1er septembre, après quatre ans à la tête des forces françaises, il a partagé ses inquiétudes lors d’une interview avec The Economist le 31 juillet. Selon lui, une attaque russe sur le continent n’est pas une éventualité lointaine, elle pourrait bien se concrétiser dans les prochaines années.
La menace russe en action
La Russie concentre toujours ses opérations militaires sur l’Ukraine, où l’invasion se prolonge depuis un moment. D’après le général Burkhard, dans les cinq prochaines années, Moscou sera capable de poser une réelle menace militaire aux pays occidentaux, et surtout à l’Europe. Il rappelle que le Kremlin considère désormais la France comme une “cible prioritaire” et qu’il a déjà lancé des cyberattaques contre le continent.
Pour se renforcer, la Russie compte investir environ 1 100 milliards de dollars dans le réarmement d’ici 2036. Les services de renseignement ukrainiens avancent que Moscou pourrait représenter un danger sérieux dès 2030. Cette situation oblige les pays européens à revoir leur façon de se défendre et à repenser leurs plans.
Progrès technologiques et défis financiers
Thierry Burkhard a également mis en avant les avancées dans le domaine de l’armement russe, notamment avec l’usage des drones, soulignant l’importance de la défense aérienne. Il a fait remarquer que s’appuyer uniquement sur des missiles longue portée ne suffira pas pour contrer cette menace. Par une comparaison imagée, il a dit : « Il faut des Ferrari de temps en temps, mais on ne gagnera pas la guerre avec des Ferrari ». Cette métaphore illustre bien le défi financier que posent les drones russes à bas prix face aux missiles occidentaux, nettement plus onéreux.
Changement de garde dans l’armée française
Le départ imminent du général Burkhard marque un tournant pour l’armée française. Il va être remplacé par le général de l’armée de l’air Fabien Mandon, un ancien pilote de Mirage (F1 puis 2000D) connu sous l’indicatif radio « Madoon ». Sa nomination a été annoncée par le ministre Sébastien Lecornu le 23 juillet et c’est la première fois depuis trente ans qu’un aviateur accède à ce poste prestigieux. On verra bien si Fabien Mandon partage les mêmes inquiétudes quant à un éventuel conflit en Europe dans les prochaines années.
La riposte européenne
Face à cette menace russe, les pays européens ont renforcé leur coopération en matière de défense ces trois dernières années. Par exemple, la France et le Royaume-Uni ont annoncé, le 9 juillet, une modification importante de leur doctrine nucléaire en affirmant leur volonté de “coordonner” leur force nucléaire. Par ailleurs, avec le retrait annoncé des États-Unis de l’OTAN, les armées européennes doivent désormais devenir plus flexibles et prêtes à prendre davantage de risques.
La France va ainsi devoir compter sur ce que certains appellent le « pilier européen de l’OTAN », constitué du Royaume-Uni et de l’Allemagne, pour faire face aux défis de sécurité posés par la Russie, en envisageant même le déploiement de forces européennes.
Les armes de la Russie et sa ténacité
La tactique militaire russe s’appuie sur un réarmement massif, l’expérience accumulée sur le terrain en Ukraine et une endurance certaine. D’après Claude Blanchemaison, ancien ambassadeur de France en Russie, Vladimir Poutine sait que son armée n’est peut-être pas encore à la hauteur des ambitions qu’il s’est fixées. Néanmoins, Thierry Burkhard prévient que les Russes pourraient bien tenir “cinq minutes de plus” qu’un pays occidental dans un conflit.
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