Allemagne : la Bundeswehr est-elle prête à s’engager en Ukraine ?

L’Allemagne se retrouve confrontée à une controverse stratégique d’ampleur. L’évocation par Friedrich Merz d’un possible engagement militaire direct pour soutenir l’Ukraine a relancé le débat sur l’état de préparation des forces armées allemandes.

Bundeswehr sous tension : entre engagements existants et limites structurelles

La Bundeswehr est aujourd’hui engagée sur plusieurs théâtres, en Europe de l’Est, dans les Balkans et dans les missions de l’OTAN. Pourtant, ses moyens restent limités. Depuis la fin de la guerre froide, les effectifs et les capacités ont été réduits de manière drastique, compromettant toute possibilité de projection rapide.

Le 18 août 2025, en pleine tournée diplomatique à Tokyo, Johann Wadephul, ministre allemand des Affaires étrangères, a reconnu les difficultés liées à une éventuelle intervention armée : « Nous sommes au début d’un processus difficile », des propos rapportés notamment par RTL Info. Cette phrase résume l’impasse stratégique actuelle : un soutien politique fort à l’Ukraine, mais une armée en sous-régime.

L’équipement souffre de lacunes critiques. Les stocks de munitions sont jugés insuffisants pour soutenir un conflit de haute intensité, et la modernisation des systèmes d’armes connaît des retards structurels. En interne, plusieurs officiers supérieurs estiment que la Bundeswehr n’est pas en mesure d’assumer un engagement prolongé sur le sol ukrainien sans mettre en péril d’autres missions essentielles.

Berlin choisit l’investissement à long terme plutôt que l’envoi de troupes

Face à ces limites, l’Allemagne privilégie une stratégie de soutien indirect renforcé. Le 13 juin 2025, Berlin avait annoncé une enveloppe de 1,9 milliard d’euros supplémentaires dédiée à l’aide militaire pour l’Ukraine, portant le total pour l’année à 9 milliards d’euros. Cette somme représente un effort budgétaire sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le choix du gouvernement est clair : améliorer les capacités ukrainiennes plutôt que risquer un engagement de la Bundeswehr sur un terrain pour lequel elle n’est ni préparée ni politiquement mandatée. Cette ligne a été confirmée par Friedrich Merz, qui a défendu en mai un accord stratégique permettant à l’Allemagne d’aider l’Ukraine à produire des missiles sans restriction de portée, d’après un article du Monde daté du 28 mai 2025.

Outre les livraisons d’armes, l’Allemagne a aussi validé l’envoi de cinq systèmes de défense sol-air Patriot, en coordination avec Washington, selon Euronews. Ces équipements visent à protéger les infrastructures ukrainiennes et à contrer les frappes russes sur les zones urbaines et les points stratégiques.

Des milliards investis, mais une armée à réformer en profondeur

Selon les chiffres du ministère des Affaires étrangères, 34 milliards d’euros ont déjà été investis dans l’aide bilatérale à l’Ukraine depuis le début du conflit, et 38 milliards supplémentaires sont prévus d’ici fin 2025. Ces sommes incluent les dépenses militaires, logistiques et humanitaires, ainsi que les formations et coopérations industrielles.

En parallèle, Berlin a renforcé les partenariats avec l’appareil de défense ukrainien. Fin mai, Volodymyr Zelenski a confirmé la signature d’accords de coopération industrielle avec l’Allemagne dans le domaine de la fabrication d’armement. Ces initiatives visent à transférer des compétences stratégiques tout en évitant une implication directe de la Bundeswehr sur le terrain.

Pour autant, la pression monte au sein des cercles militaires. Plusieurs généraux appellent à une remise à niveau urgente des capacités de projection, citant un besoin immédiat de doublement des effectifs opérationnels et de renouvellement des blindés lourds. Mais ces réformes nécessitent du temps, du consensus politique, et une mobilisation budgétaire durable au-delà de 2025.

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