Allemagne : le service militaire volontaire payé 2 600 euros par mois, les entreprises inquiètes

En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz cherche à tout prix à renforcer la Bundeswehr. Ainsi, le service militaire volontaire est payé 2 600 euros. Les entreprises redoutent un effet dramatique sur l’emploi dans un marché déjà tendu.

En Allemagne, le service militaire volontaire est très bien payé

L’annonce du gouvernement allemand a fait l’effet d’une bombe sociale. En promettant 2 600 euros mensuels à chaque volontaire de la Bundeswehr, l’Allemagne entend redonner du souffle à une armée sous tension. Mais cette stratégie, censée moderniser le recrutement, inquiète fortement les entreprises, qui peinent déjà à recruter dans plusieurs secteurs essentiels.

Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a confirmé que le nouveau dispositif s’inscrit dans une politique de modernisation globale. Le programme, volontaire et non obligatoire, prévoit une rémunération de 2 600 euros par mois, à laquelle s’ajoute le logement pris en charge. Cette mesure place l’Allemagne loin devant ses voisins européens, notamment la France, où les jeunes engagés perçoivent moins de 745 euros mensuels.

Cette différence spectaculaire pourrait bouleverser les dynamiques de recrutement. Dans un pays où la Bundeswehr peine à atteindre ses effectifs cibles, cette incitation financière apparaît comme un argument décisif. Mais elle soulève aussi des interrogations économiques majeures : comment maintenir l’équilibre entre la défense nationale et le tissu industriel, déjà fragilisé par le manque de main-d’œuvre ?

Les entreprises allemandes redoutent une fuite des talents

L’annonce n’a pas tardé à provoquer des remous dans les milieux économiques. Plusieurs fédérations patronales expriment leur inquiétude face à cette rémunération jugée trop compétitive. De fait, les entreprises craignent une véritable hémorragie sociale et une fuite des talents. Pour beaucoup de dirigeants, la perspective de voir les jeunes se tourner vers un emploi stable, bien payé et logé, plutôt qu’un poste souvent précaire dans le privé, pourrait accentuer la pénurie de personnel, déjà dramatique dans certains secteurs.

Dans l’industrie mécanique, la logistique ou encore l’artisanat, les chefs d’entreprise peinent à pourvoir les postes vacants. Or, la Bundeswehr offre désormais un revenu supérieur à la moyenne des apprentis, souvent autour de 1 100 à 1 300 euros mensuels. Le risque d’un déséquilibre structurel est donc réel. Selon des estimations publiées par des experts du marché du travail, une telle politique pourrait détourner plusieurs milliers de jeunes actifs du secteur privé vers le service militaire, notamment dans les régions de l’Est du pays, où les salaires demeurent plus faibles.

Un pari politique pour relancer la Bundeswehr

Si les milieux économiques restent sceptiques, le gouvernement allemand assume pleinement sa stratégie. Après des années de stagnation, la Bundeswehr souffre d’un déficit estimé à plus de 20 000 postes non pourvus. La guerre en Ukraine a rappelé l’urgence de disposer d’une armée solide, bien équipée et mieux formée. En choisissant d’offrir une rémunération élevée, Berlin espère redorer l’image d’une institution souvent perçue comme vieillissante.

Cette politique s’inscrit dans la continuité des réformes engagées par Boris Pistorius depuis 2023, visant à renforcer la capacité opérationnelle et l’attractivité du service militaire. Le ministère mise sur un volontariat motivé et mieux encadré, plutôt que sur un retour à la conscription obligatoire.

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