Le gouvernement fédéral allemand a approuvé, le 23 juillet 2025, un projet de loi destiné à simplifier et accélérer les acquisitions d’armement. Cette réforme marque un tournant dans la politique industrielle de défense d’un pays longtemps critiqué pour sa lenteur bureaucratique. À l’heure où les tensions internationales s’intensifient, Berlin mise sur la rapidité et l’efficacité logistique.
Une réforme législative stratégique pour fluidifier l’acquisition d’armement
À travers ce projet, le ministère de la Défense entend contourner les freins systémiques des marchés publics, notamment dans les appels d’offres. Le texte vise directement plusieurs piliers du droit allemand : le Gesetz gegen Wettbewerbsbeschränkungen (loi contre les restrictions à la concurrence) et le Vergabeverordnung Verteidigung und Sicherheit (règlement sur les marchés publics dans la défense et la sécurité).
La mesure-phare ? Relever les seuils de déclenchement des appels d’offres, permettant ainsi des attributions plus directes pour des contrats jugés urgents. Le seuil pour les constructions militaires passe à un million d’euros, ce qui accélère les projets de casernes ou d’entrepôts logistiques sans examens complexes.
Drones, blindés, Taser : un arsenal élargi sans procédure
Le champ d’application est vaste : véhicules blindés, drones, uniformes, munitions, pistolets Taser. Tous ces équipements pourront être commandés via des procédures simplifiées. Le texte concerne également la police fédérale, désormais habilitée à utiliser ces circuits d’approvisionnement accélérés. À titre d’exemple, une commande de 10 000 pistolets Taser est déjà évoquée dans les plans internes.
Le ministre de la Défense Boris Pistorius a qualifié la réforme de « révolutionnaire » et de « saut quantique », soulignant son potentiel de rupture avec la culture administrative traditionnelle, d’après les informations d’Insajderi.
Dérogations aux règles environnementales : une accélération controversée
L’autre versant du texte concerne l’accélération des chantiers de modernisation des infrastructures militaires, actuellement freinés par des normes écologiques strictes. En supprimant certaines obligations d’évaluation d’impact environnemental, la loi permettra des rénovations express, notamment pour les casernes vieillissantes.
Ce volet a suscité des réserves dans les milieux écologistes, mais le gouvernement argue de la nécessité absolue de gagner en agilité.
« Nous avons besoin de davantage d’équipements de protection, et ce, plus rapidement. Cela n’est possible qu’en augmentant la production », a justifié la ministre de l’Économie Katherina Reiche.
Vers une industrie de défense plus souveraine et réactive
La réforme ne se contente pas d’optimiser les délais. Elle ambitionne de renforcer la base industrielle de défense allemande, en favorisant la production locale, et notamment l’émergence de PME et start-up dans les chaînes de fabrication d’armement.
En libérant l’accès aux marchés, Berlin cherche aussi à éviter la dépendance excessive aux fournisseurs étrangers. Cette orientation rejoint la stratégie OTAN de souveraineté capacitaire, notamment dans le domaine des munitions intelligentes et des systèmes interconnectés.
Le pari de la vitesse dans un monde instable
Ce projet de loi, désormais transmis au Bundestag, s’inscrit dans un calendrier d’urgence stratégique. Depuis 2022, l’Allemagne a doublé son budget défense, avec un fonds spécial de cent milliards d’euros. Mais l’exécution a tardé, freinée par un système d’achat trop rigide. Ce nouveau texte, en supprimant les délais inutiles, vise à réarmer l’armée allemande sans délai.
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