Au Cameroun, Paul Biya vient d’être réélu pour un nouveau mandat. À 92 ans, il s’agit du plus vieux président du continent africain. Ce 8e mandat est très décrié par l’opposition qui crie à la manipulation du scrutin.
Paul Biya réélu pour un 8e mandat au Cameroun
Au Cameroun, Paul Biya vient d’être réélu pour un 8e mandat consécutif. Dans un pays où l’homme est en poste depuis 1982, cette réélection ouvre une nouvelle période de tension politique dans un pays déjà marqué par des années d’autoritarisme. Depuis l’annonce de sa candidature, Paul Biya s’est imposé comme le favori quasi automatique du scrutin. À 92 ans, il est devenu l’un des doyens des chefs d’État en activité.
Le scrutin se tenait alors que le pays fait face à plusieurs défis simultanés : une population très jeune (la médiane d’âge est de 18 ans) confrontée à un chômage élevé, des violences persistantes dans les régions anglophones, ainsi qu’une économie certes exportatrice de pétrole, mais aux retombées sociales limitées. Dans ce cadre, la candidature de Paul Biya apparaît comme la continuité d’un régime déjà largement installé, mais aussi comme un pari risqué quant à sa capacité physique et morale à gouverner. Et surtout, la colère du peuple camerounais s’exprime de plus en plus en dépit de la dureté du régime.
L’opposition crie au scandale
Le 27 octobre 2025, le Conseil constitutionnel du Cameroun a annoncé que Paul Biya avait remporté l’élection avec 53,66 % des voix. Son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, a revendiqué une victoire alternative, affirmant avoir obtenu 54,8 % des suffrages selon ses propres décomptes. L’opposition a dénoncé des irrégularités significatives : des chiffres de participation jugés improbables dans les régions anglophones, des interférences dans le processus de vote, voire des manipulations de bulletins.
Des violences ont été signalées : dans la ville de Douala, plusieurs manifestants ont été tués après des affrontements avec les forces de l’ordre. Dans ce climat, l’annonce de la réélection de Paul Biya n’a pas apaisé les divisions : elle pourrait même constituer un nouveau moment de fracture politique. Ce nouveau septennat pourrait donc le maintenir à la présidence jusqu’à près de 100 ans.
Pour le Cameroun, cela signifie la poursuite d’un mode de gouvernance marqué par le système du parti unique dominant et par un contrôle fort de l’État, au détriment, selon les critiques, d’un renouvellement politique et d’un rajeunissement de la classe dirigeante.
En revanche, la contestation de l’opposition pourrait prolonger l’instabilité politique, voire raviver des tensions sociales dans un pays déjà fragilisé par des conflits internes, en particulier dans les régions anglophones et du nord, ainsi que par une jeunesse désabusée.
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