La Pologne annonce son intention de taxer encore plus les banques du pays. Une manière pour Varsovie de récupérer des liquidités pour financer son effort de défense.
Le financement de la défense polonaise passe par une augmentation des taxes sur les banques
Varsovie envisage une réforme fiscale d’ampleur. Le gouvernement de Donald Tusk entend augmenter l’impôt sur les banques afin de financer des dépenses de défense qui atteindront un niveau historique. L’initiative gouvernementale prévoit une hausse sans précédent de l’imposition appliquée au secteur bancaire. Le taux passera de 19 % à 30 % en 2026, avant un retour progressif à 26 % en 2027, puis à 23 % à l’horizon 2028, selon les projections du ministère des Finances. Ce dispositif devrait rapporter 6,5 milliards de zlotys supplémentaires dès la première année, un chiffre présenté comme indispensable pour soutenir un budget de défense qui représentera bientôt 5 % du PIB polonais.
Cette stratégie intervient alors que la Pologne est déjà l’État de l’OTAN consacrant la part la plus élevée de son économie à l’armée. La nouvelle fiscalité a immédiatement pesé sur les valeurs financières. L’indice WIG Banks a plongé de près de 8 % dans la foulée de l’annonce. Les analystes estiment que les bénéfices des établissements pourraient se contracter de 16 % en 2026, puis de 9 % l’année suivante. Mais le Premier ministre polonais, Donald Tusk, persiste et signe. Il préfère prendre l’argent aux banques « plutôt qu’aux familles polonaises ».
Pour les banques, cette décision constitue un choc asymétrique. Certaines redoutent un affaiblissement de leur capacité de crédit dans une conjoncture déjà marquée par l’inflation et des taux d’intérêt élevés. L’onde de choc boursière illustre cette vulnérabilité, confirmant les craintes d’une pression excessive sur un seul secteur de l’économie.
Entre ambitions militaires et fragilité budgétaire
La Pologne justifie ce choix par l’ampleur de ses engagements stratégiques. Les dépenses militaires devraient atteindre 4,8 % du PIB en 2026, un effort inédit en Europe. Mais cette politique alourdit le déficit : il est attendu à 6,9 % du PIB en 2025, puis à 6,5 % en 2026. Dans ce contexte, l’agence Fitch a abaissé les perspectives de crédit du pays à « négatives », alertant sur « l’affaiblissement des finances publiques ». Pour alléger la facture, Varsovie compte aussi sur des soutiens extérieurs. L’Union européenne prévoit de verser 43,7 milliards d’euros via son programme SAFE, tandis que les États-Unis garantissent un prêt de 4 milliards de dollars destiné à moderniser l’armée polonaise.
Le projet doit être validé par le Parlement et promulgué par le président Karol Nawrocki. Celui-ci s’est engagé à protéger les foyers contre toute hausse d’impôts. La confrontation institutionnelle pourrait donc retarder la mise en œuvre.
Reste que l’enjeu dépasse le simple débat fiscal : pour Varsovie, il s’agit de démontrer que la défense nationale et la contribution à la sécurité de l’OTAN sont des priorités absolues, même au prix d’une tension accrue avec les acteurs bancaires. Le bras de fer ne fait, donc, que commencer.
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