Le 6 août 2025, l’Espagne a décidé de ne pas se lancer dans l’achat des chasseurs F-35 américains, fabriqués par Lockheed Martin. Cette annonce faite à Madrid met fin à un contrat de 6,25 milliards d’euros et prive Washington d’un marché important en Europe du Sud. Ce choix s’inscrit dans une démarche visant à booster l’autonomie européenne en défense, en soulevant des enjeux diplomatiques et économiques majeurs.
Une nouvelle voie pour la défense espagnole
L’Espagne mise gros sur son plan « industriel et technologique pour la sécurité et la défense », avec un budget de 10,5 milliards d’euros. Dans cette enveloppe, 85 % seront réinvestis dans des projets européens comme le SCAF (Système de combat aérien du futur), ce qui montre sa volonté de renforcer son autonomie stratégique. Ce plan a pour but de diminuer la dépendance stratégique vis-à-vis des États-Unis et de renforcer les capacités militaires du continent.
Pour ses forces armées, cela se traduit par des changements notables, y compris la modernisation de la marine. La marine envisage de remplacer ses avions AV-8B Harrier, tandis que l’armée de l’air cherche un remplaçant pour ses F/A-18 Hornet. Le Rafale F5 de Dassault, déjà certifié par l’OTAN, figure parmi les options sérieuses pour succéder aux chasseurs américains.
Situation politique et économique
La décision espagnole arrive alors que les pays de l’OTAN se sont engagés à consacrer 5 % de leur PIB à la défense d’ici 2035. Déjà, l’Espagne a amorcé ce virage en investissant 2 % de son PIB cette année. Cependant, ce choix n’a pas manqué de provoquer la fureur du président américain, qui a exprimé son mécontentement en affirmant : « C’est le seul pays qui a refusé, je trouve ça terrible ». Il a même évoqué la possibilité de resserrer les conditions d’un futur accord commercial avec l’Espagne.
Au sommet de l’OTAN en juin, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez avait lui-même insisté sur l’importance pour l’Espagne de préserver sa souveraineté en matière de défense tout en honorant ses engagements envers l’alliance atlantique.
Retombées internationales et implications stratégiques
L’Espagne ne se trouve pas isolée dans cette démarche. Elle suit en cela l’exemple de rejet de l’Inde, qui a aussi rejeté l’offre américaine sous le gouvernement de Narendra Modi, préférant miser sur ses propres programmes et diversifier ses partenariats internationaux. En parallèle, treize armées européennes utilisent actuellement le F-35, aux côtés de pays comme le Japon, Singapour et l’Australie. Par ailleurs, selon The Guardian, un avion militaire sur deux en Europe est de fabrication américaine, ce qui pousse certains pays à repenser leur dépendance vis-à-vis des États-Unis.
L’objectif affiché par Madrid est net : conserver une autonomie stratégique tout en restant fidèle à ses engagements avec l’OTAN. Ce repositionnement pourrait engendrer des tensions autour du F-35, mais il illustre la tendance grandissante chez certains États européens à revoir leurs priorités face aux défis sécuritaires d’aujourd’hui.
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