Drones : comment l’armée attend le Serval grâce au système PROTEUS

Le 18 octobre 2025, lors d’un exercice à Canjuers, le 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste a effectué le premier tir réel du système anti-drones PROTEUS. Ce dispositif provisoire marque une étape clé dans la lutte contre les drones, devenue prioritaire pour l’armée.

Un système anti-drones bricolé pour l’urgence opérationnelle

Le système PROTEUS repose sur la transformation de canons antiaériens de 20 mm conçus à la fin des années 1970 par GIAT, devenu depuis Nexter puis KNDS France. Ces pièces d’artillerie abandonnées ont été montées sur un camion tactique TRM 2000 afin de créer une solution mobile contre les drones. La cadence atteint 750 coups par minute pour une portée maximale de 1 500 mètres.

Cette architecture rustique est complétée par un viseur thermique SANDRA issu du missile Mistral, associé à un logiciel de conduite de tir. Ce couplage permet d’acquérir les drones de petite taille, de nuit comme de jour. Le tout a été développé en seulement quatre mois par la Section technique de l’armée de terre afin de répondre à l’urgence tactique des théâtres modernes.

Un premier bilan de tir déjà jugé satisfaisant

Le premier tir réel du système anti-drones PROTEUS a eu lieu le 18 octobre 2025 avec le 35e RAP. Cette séquence marque l’entrée dans une phase de validation opérationnelle accélérée. Le général Pierre Schill a reconnu que « ce système ne fait peut-être pas 100 % de coup au but, plutôt 80 %, mais il est opérationnel et permet de disposer d’une capacité immédiatement ».

Cette performance jugée suffisante répond à une logique assumée de compromis. L’objectif n’est pas la perfection technologique, mais la possibilité d’intercepter rapidement des drones à faible coût. 50 systèmes PROTEUS au standard 2 sont désormais prévus à la livraison. Cette version doit offrir une amélioration de 30 % des performances par rapport aux anciens dispositifs de tir sol-air.

Une transition assumée avant l’arrivée des Serval

Le programme PROTEUS s’inscrit dans une stratégie nationale plus large conduite par la Task Force LAD, dédiée à la défense sol-air de très courte portée contre les drones. L’enjeu est clair : combler le vide capacitaire avant la mise en service des futurs blindés spécialisés. Cette phase transitoire permet de maintenir une capacité immédiate face aux menaces aériennes légères.

Le blindé Serval doit, à terme, constituer l’épine dorsale de cette défense mobile anti-drones. En attendant sa montée en puissance industrielle, le système PROTEUS joue le rôle de tampon tactique. Cette démarche illustre un changement profond de doctrine : désormais, la lutte contre les drones n’est plus un domaine expérimental, mais un segment structurant de l’artillerie moderne.

Une doctrine d’emploi qui évolue sur le terrain

L’intégration du système anti-drones PROTEUS oblige désormais l’armée de Terre à adapter ses schémas tactiques. Jusqu’ici, la lutte contre les drones reposait surtout sur des moyens lourds, peu mobiles et souvent centralisés. Désormais, avec un canon de 20 mm monté sur un TRM 2000, la protection devient déployable au plus près des unités manœuvrantes. Ainsi, au lieu de défendre uniquement des bases fixes, les sections peuvent couvrir des axes de progression, des zones logistiques ou des points de regroupement, selon les enseignements tirés des essais récents menés par le 35e RAP en octobre 2025.

Par ailleurs, cette capacité modifie profondément la posture défensive face aux drones de saturation. Alors que les missiles sol-air restent coûteux et numériquement limités, le canon offre une capacité de tir soutenue, à 750 coups par minute, pour des cibles multiples à courte distance. De ce fait, l’armée privilégie désormais une défense en couches successives, combinant capteurs optiques, missiles Mistral et artillerie légère. Ce choix permet non seulement de réduire les coûts unitaires d’interception, mais aussi d’augmenter la résilience globale face aux essaims de drones tactiques.

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