Le cimentier Lafarge est devant les tribunaux à partir de ce mardi 4 novembre 2025. Le groupe est accusé d’avoir participé au financement de l’État islamique en Syrie. Lafarge conteste les faits.
Le cimentier Lafarge devant les tribunaux
Le groupe français Lafarge SA est officiellement jugé à Paris à partir du 4 novembre 2025, pour des accusations graves : avoir, via sa filiale syrienne, effectué des paiements de plusieurs millions d’euros à des groupes djihadistes comme l’État islamique afin de maintenir son usine de ciment en activité dans le nord-est de la Syrie lors du califat. L’enjeu est clair : le cimentier est accusé de « financement du terrorisme » en Syrie au profit de Daech et d’autres groupes armés. Alors que la guerre civile syrienne faisait rage, l’usine du groupe poursuivait son activité et se serait engagée dans des paiements controversés.
L’affaire remonte à l’usine de Lafarge Cement Syria (LCS), implantée à Jalabiya, dans le nord-est de la Syrie. Le cimentier français avait acquis le site à travers le rachat d’une société égyptienne en 2007. L’usine a été inaugurée en 2010 alors que le pays entrait dans la tourmente de la guerre civile ; l’entreprise a cependant choisi de poursuivre son activité malgré la fermeture de nombreux sites industriels. La région était alors contrôlée ou traversée par des groupes armés, dont l’État islamique, ce qui a placé l’usine, et ses salariés, dans une situation extrêmement dangereuse.
Les accusations portées contre Lafarge
L’un des faits centraux est le versement par Lafarge, entre 2013 et 2014, d’un montant estimé à 5 millions d’euros à des groupes terroristes pour assurer la circulation des matières premières et des camions, ou pour acheter des matériaux dans des zones sous contrôle djihadiste. L’accusation souligne « une logique de profit » de la part du cimentier, et non simplement une extorsion ou une situation de force majeure. Le groupe est poursuivi pour deux chefs principaux : « financement d’entreprises terroristes » et « non-respect des sanctions financières internationales ». Huit anciens dirigeants, cadres intermédiaires ou employés syriens sont également renvoyés devant la justice, aux côtés de la personne morale Lafarge.
Ce procès est inédit en France car il met en cause une entreprise en tant que personne morale pour financement du terrorisme dans un conflit international. En parallèle, une action aux États-Unis avait déjà abouti en 2022 à un accord dans lequel Lafarge avait reconnu que sa filiale syrienne avait versé des fonds à des groupes terroristes, et avait accepté une amende de 778 millions de dollars. Les peines encourues en France sont moindres que celles des États-Unis, mais symboliques : jusqu’à 10 ans de prison pour les personnes physiques et des amendes pour la société.
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