L’Irlande, souvent vue comme l’un des pays européens les plus fragiles en matière de défense aérienne, prévoit de booster ses capacités militaires. Cette décision survient dans un climat international tendu, marqué par des conflits persistants et des survols rapprochés par des forces russes. Depuis 1998, l’Irlande a laissé la surveillance de son ciel au Royaume-Uni après avoir dissous son escadron d’attaque légère – une situation devenue intenable aujourd’hui.
Situation actuelle et fragilités
L’Irlande fait face à une situation préoccupante en matière de sécurité nationale. Le rapport de la Commission on the Defence Forces (CoDF) publié en février 2022 met bien en lumière ces faiblesses, confirmant les inquiétudes exprimées dès 2020 par Ralph James, l’ancien chef d’état-major adjoint. La guerre entre l’Ukraine et la Russie a mis en évidence les limites de la défense irlandaise, surtout avec la multiplication des incursions proches de ses espaces aérien et maritime.
Il est devenu urgent pour le pays de revoir sa stratégie de défense. Être vu comme « probablement l’État le plus vulnérable d’Europe » pour ce qui est de la surveillance du ciel n’est plus tenable dans un environnement où les menaces se présentent sous divers angles.
Projets d’investissement et options envisagées
Face à ces défis, l’Irlande envisage, pour la première fois depuis 25 ans, l’achat d’avions de chasse. Une étude récente propose de se doter de 12 à 14 chasseurs pour un investissement de 2,5 milliards d’euros. Par ailleurs, le « Plan de développement national 2026‑2030 » du gouvernement prévoit un budget total de 102,4 milliards d’euros sur cinq ans pour divers projets publics. Parmi cette enveloppe, 1,7 milliard d’euros seront alloués à la défense, soit une hausse de 55 % par rapport au cycle précédent.
Trois niveaux d’ambition ont été définis pour cadrer ces investissements :
- maintenir la situation actuelle (LOA 1)
- opter pour un renforcement modéré avec l’acquisition d’un radar et l’amélioration des capacités terrestres et maritimes (LOA 2)
- se doter d’un arsenal complet incluant des avions à réaction (LOA 3)
Le gouvernement irlandais a pour l’instant retenu le niveau LOA 2 qui ne comprend pas l’achat immédiat de chasseurs mais se focalise sur la mise à niveau des systèmes existants.
Options possibles pour la flotte
Dans le cadre des discussions sur de futurs achats d’avions militaires après 2030, trois modèles sont envisagés : le Rafale F4, l’Eurofighter Typhoon et le Saab JAS 39E/F Gripen. Chacun de ces appareils offre des caractéristiques bien différentes pour répondre à des priorités stratégiques variées.
Le Gripen se distingue par sa compacité et son prix attractif, notamment grâce à son moteur unique. À l’inverse, le Rafale et le Typhoon sont prisés pour leur capacité à mener des missions longues avec une grande autonomie et une polyvalence multirôle. Ces choix s’inscrivent dans la volonté de garantir une couverture aérienne autonome pour l’Irlande, grâce notamment à un système radar capable de surveiller jusqu’à 370 kilomètres.
Perspectives en Europe et enjeux internationaux
Sur la scène européenne, le Rafale peine à se faire une place face au F-35 américain, largement adopté par des pays comme la Suisse, l’Allemagne, la Finlande et la Belgique. Néanmoins, Dassault Aviation espère que l’intérêt de l’Irlande pourrait offrir une opportunité rare sur le marché européen. Jusqu’à présent, seuls quelques pays européens – comme la Grèce et la Croatie – ont intégré le Rafale dans leur flotte.
Alors que l’Irlande s’oriente vers une modernisation de la flotte, certes coûteuse, de ses capacités aériennes, elle doit aussi composer avec un paysage international complexe où les relations de défense façonneront durablement sa sécurité.
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