L’ONU décrète la famine à Gaza

Le 22 août 2025, un groupe d’experts adossé à l’ONU a officiellement classé une partie de Gaza en famine. Cette famine, constatée dans le gouvernorat de Gaza (Gaza City), menace de s’étendre rapidement, selon les agences des Nations unies.

Les chiffres sont lourds : environ 514 000 personnes sont déjà en famine (Phase 5), avec une projection à 641 000 d’ici fin septembre 2025, selon l’IPC. Dans le même temps, l’ONU rappelle que la famine est évitable si les convois passent, si la trêve survient et si les traitements nutritionnels atteignent les enfants.

La famine à Gaza confirmée selon les critères de l’ONU

Au cœur de la décision, la famine s’appuie sur la méthodologie IPC, cadre de référence soutenu par l’ONU. Cette famine résulte d’un faisceau d’indicateurs : hausse des décès liés à la faim, flambée de la malnutrition aiguë chez l’enfant et effondrement de l’accès à la nourriture. À Gaza 133 morts ont été attribuées à la malnutrition sur les 20 premiers jours d’août 2025, dont 25 mineurs, selon Reuters. De plus, la famine se nourrit d’une économie détruite et d’un tissu agricole à terre : 98 % des terres cultivées sont endommagées ou inaccessibles, d’après l’UNICEF.

Sur le terrain, la famine frappe d’abord les plus fragiles. L’UNICEF recense 12 000 enfants fortement malnutris au mois de juillet 2025, un record, et estime que 70 000 enfants ont besoin en urgence d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, alors que les stocks actuels ne couvriraient qu’environ 5 800 enfants pour un mois. Dans Gaza, la famine est d’autant plus implacable que neuf personnes sur dix ont été déplacées au moins une fois depuis le début de la guerre, et que 39 % de la population déclarait, en juillet, passer des journées entières sans manger. Les experts onusiens préviennent que l’onde de choc pourrait gagner Deir al-Balah et Khan Younis d’ici septembre.

Israël nie mais continue de couper l’accès à Gaza

Au lendemain de l’annonce, Israël a contesté la conclusion onusienne. Selon Associated Press, l’agence israélienne COGAT a qualifié le rapport IPC de « faux et biaisé » et soutient avoir accru les entrées d’aide. Cette famine est donc au cœur d’un bras de fer : d’un côté l’ONU exige un accès humanitaire sans entrave pour Gaza, de l’autre Israël insiste sur ses contrôles sécuritaires et nie l’existence même d’une famine.

Les responsables onusiens, eux, emploient des mots tranchants et ciblent l’urgence. « L’accès à la nourriture n’est pas un privilège – c’est un droit humain fondamental », a déclaré Qu Dongyu, directeur général de la FAO. « Un cessez-le-feu est un impératif moral absolu maintenant », martèle Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Dans cette guerre, la famine reflète des choix politiques et logistiques, rappellent les agences onusiennes.

Israël coupable d’un crime de guerre ?

La famine, au regard du droit, ouvre un débat sensible sur le crime et la responsabilité dans une guerre. Les agences de l’ONU ne tranchent pas, mais elles décrivent un mécanisme précis : blocus de fait, accès entravé, soins qui s’effondrent et foyers sans nourriture. Face à cette famine, Catherine Russell (UNICEF) alerte : « La famine est désormais une réalité sinistre pour les enfants du gouvernorat de Gaza… Il n’y a plus une minute à perdre »

Au-delà du constat, la famine interroge l’architecture même du droit de la guerre : en droit international humanitaire, l’utilisation de la famine comme méthode de guerre est prohibée et assimilée à un crime de guerre. Sans s’ériger en tribunal, l’ONU fixe la priorité : casser la dynamique de la famine, d’abord en imposant la sécurité des convois, ensuite en rétablissant les soins nutritionnels pour les enfants de Gaza. « Il n’y a plus de temps à perdre », résume le communiqué inter-agences.

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