Une signature décisive sur fond de tensions commerciales
Le 1er juin 2025, le Journal officiel brésilien publiait discrètement deux notifications émanant de la Direction Générale du Développement Nucléaire et Technologique de la Marine. Ces documents actaient la conclusion de deux contrats majeurs avec Naval Group, dont le contenu marque un tournant stratégique : le soutien technique et l’ingénierie d’un sous-marin nucléaire d’attaque — à l’exclusion de la chaufferie nucléaire.
Le premier contrat, d’un montant exact de 282,1 millions d’euros, porte sur la mise à disposition de services spécialisés pour l’installation de systèmes complémentaires. Le second, chiffré à 246,3 millions d’euros, concerne la fourniture de prestations d’ingénierie avancée, toujours dans le cadre du développement du futur sous-marin brésilien Álvaro Alberto.
« Ces deux contrats ne vont pas remplacer la perte des deux compétitions majeures au Canada (sous-marins) et en Norvège (frégates), mais ils permettent à Naval Group de rester très présent au Brésil », a précisé La Tribune
Le sous-marin brésilien : un programme hors norme, un cadre franco-brésilien robuste
Le Brésil n’en est pas à son premier rapprochement avec Naval Group. Depuis 2008, dans le cadre du programme ProSub, les deux nations entretiennent une coopération approfondie autour de la souveraineté navale. L’objectif de ce plan : bâtir une capacité industrielle locale capable de concevoir, assembler et maintenir une flotte de sous-marins à propulsion classique et nucléaire.
Située à Itaguaí, la base industrielle dédiée à ce programme accueille une partie de la construction du SN Álvaro Alberto. Si la chaufferie nucléaire demeure de conception 100 % brésilienne — condition imposée par les règles internationales de non-prolifération — les systèmes annexes, eux, bénéficient d’une expertise française via Naval Group.
L’industriel français, malgré un contexte tendu sur ses marchés cibles, conserve donc sa capacité à livrer des solutions critiques sur des programmes sensibles.
Une relance industrielle après des échecs commerciaux
Le contrat brésilien tombe à point nommé. Naval Group a récemment vu ses propositions rejetées au Canada, dans le cadre du programme de renouvellement de la flotte sous-marine, ainsi qu’en Norvège, pour la fourniture de frégates. Ces défaites ont pesé sur la dynamique commerciale de l’entreprise.
Mais la signature brésilienne apporte un rééquilibrage géographique et industriel bienvenu.
Au-delà de la symbolique, ces deux contrats démontrent que la France reste un acteur de référence dans la projection technologique et militaire. Pour le Brésil, cet accord incarne une avancée majeure vers l’autonomie stratégique, tandis que pour Naval Group, il représente une consolidation industrielle hors du périmètre européen.
Cap stratégique confirmé pour Naval Group : le Brésil comme tremplin vers un nouvel équilibre international
Par ce double accord, Naval Group entérine son rôle de fournisseur de haute technologie navale, capable d’accompagner un allié dans le développement d’un programme à haute sensibilité. Avec 528,4 millions d’euros d’investissements confirmés, l’industriel français se positionne non plus seulement comme un constructeur, mais comme un partenaire stratégique de souveraineté.
L’avenir dira si cette dynamique brésilienne ouvre la voie à d’autres contrats internationaux. Mais à l’évidence, dans un environnement concurrentiel dominé par les blocs anglo-saxons, le choix du Brésil de renouveler sa confiance à la France, via Naval Group, constitue une victoire géopolitique autant qu’industrielle.
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