La Pologne, qui booste son secteur de la défense, vient d’annoncer un projet ambitieux : fabriquer sur place les chars d’assaut K2 conçus par la Corée du Sud. Ce projet constitue un tournant dans le renforcement des préparations militaires intensifiées du pays et illustre le rapprochement de Varsovie et Séoul. Cette opération se déroule dans une période internationale particulièrement tendue, où les dépenses militaires connaissent une hausse notable.
Un partenariat avec la Corée du Sud
Le 1er août, un accord déterminant a été signé en présence des ministres de la Défense polonais et sud-coréen. Grâce à cet engagement, la Pologne pourra produire, sous licence, le char K2. La ville de Gliwice, dans le sud du pays, a été retenue comme site de production. L’accord prévoit la fabrication de 180 chars, dont 64 seront produits en version « polonisée ». Les trois premiers exemplaires seront fabriqués en République de Corée, tandis que les 61 suivants intégreront des composants polonais.
Le contrat, estimé à près de 6 milliards de dollars (selon l’agence Yonhap), s’appuie sur un accord-cadre signé en 2022, qui envisage l’achat éventuel de 1 000 chars K2 au total par la Pologne. Le transfert des premiers véhicules a commencé l’automne dernier, avec plus de 70 unités livrées entre l’automne 2022 et l’hiver 2023.
Calendrier et perspectives industrielles
Les premiers chars issus de ce nouvel accord devraient être livrés dès 2024, avec une production qui s’étendra également sur 2028, 2029 et 2030. Wladyslaw Kosiniak-Kamysz explique que « la Pologne se dote de capacités de production » importantes grâce à ce partenariat et précise que ces efforts visent à lancer une fabrication en série à moyen terme.
Cette coopération ne se limite pas aux seuls chars d’assaut. La Pologne a aussi commandé d’autres équipements militaires sud-coréens, comme les systèmes lance-roquettes multiples K239 Chunmoo, les obusiers automoteurs K9A1 et les avions de combat FA-50, reflétant une tendance similaire au renforcement de la Bundeswehr.
Un climat international favorable
La guerre en Ukraine a mis les projecteurs sur le réarmement en Europe. Pour la Corée du Sud, cet environnement offre une belle opportunité de développer ses exportations d’armements, tout comme l’engagement accru de la Suède dans l’OTAN. Classée dixième exportateur mondial selon le Sipri, Séoul trouve en Pologne un partenaire stratégique au sein de l’OTAN, le pays devenant ainsi le premier importateur du matériel coréen avec 46% des exportations sud-coréennes dirigées vers Varsovie.
Ce partenariat ouvre également une porte vers le marché européen pour l’industrie d’armement sud-coréenne. Comme le souligne Léo Péria-Peigné à BFM Business, il s’agit pour Séoul non seulement de signer une série de contrats remarquables, mais aussi de poser les bases d’un futur point d’appui pour répondre à la demande européenne en progression, illustrant une révolution technologique.
Une montée des dépenses militaires
Depuis 2022, suite à la guerre en Ukraine, la Pologne a triplé son budget militaire pour atteindre 34,9 milliards d’euros en 2024, soit plus de 4% du PIB consacré aux dépenses de défense. Cette augmentation spectaculaire montre bien la volonté du pays de renforcer sa sécurité tout en développant son industrie locale.
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