Reconnaissance de la Palestine : l’appel de la France et de quatorze autres pays

Le 29 juillet 2025, la France, aux côtés de quatorze États occidentaux, a lancé un appel mondial à reconnaître la Palestine comme État souverain. Ce geste s’inscrit dans un contexte hautement militarisé où l’équilibre des forces dans la région est en jeu. Le cœur de cible : la doctrine de dissuasion israélienne, la légitimité militaire du Hamas et l’avenir stratégique de l’Autorité palestinienne.

Une reconnaissance qui percute le rapport de force militaire

L’initiative française intervient alors que Tsahal poursuit ses opérations à Gaza. En appelant les États à reconnaître la Palestine, Paris prend une position qui influe directement sur la configuration militaire du conflit. Reconnaître un État dans un territoire encore largement contrôlé par une organisation armée – le Hamas – constitue un geste à double tranchant.

L’enjeu dépasse le symbole : une telle reconnaissance risque d’affaiblir la posture de sécurité d’Israël en lui ôtant le monopole de la légitimité territoriale. « La reconnaissance d’un État palestinien sans cessez-le-feu est une légitimation indirecte des groupes armés qui s’y imposent », affirme un analyste israélien cité dans les cercles diplomatiques.

Le Hamas, force armée au cœur de l’ambiguïté

Sur le plan militaire, la Palestine d’aujourd’hui ne se résume pas à une entité civile ou diplomatique. Elle est fracturée entre une Autorité palestinienne institutionnelle, incapable de sécuriser son propre territoire, et un Hamas qui conserve une capacité opérationnelle redoutable, notamment dans les zones urbaines de Gaza.

Ce constat pose une question centrale : un État reconnu peut-il coexister avec une force armée non étatique, considérée comme terroriste par une majorité d’États ? La réponse reste en suspens. Pourtant, plusieurs pays arabes – dont l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Qatar – ont publiquement exigé le désarmement du Hamas et la remise des compétences militaires à l’Autorité palestinienne.

Mais sur le terrain, aucun transfert d’armes n’est en vue. Au contraire, les capacités militaires du Hamas, son réseau de tunnels, ses stocks d’armement iranien et ses commandos spécialisés font toujours peser une menace tactique permanente.

Le Royaume-Uni pose des conditions stratégiques

Le Royaume-Uni, conscient des conséquences militaires de cette reconnaissance, a imposé trois conditions avant de reconnaître la Palestine : un cessez-le-feu immédiat, une fin de l’annexion de la Cisjordanie et un engagement vers une paix bilatérale. En filigrane, c’est une demande de reconfiguration complète du front sud israélien.

David Lammy, chef de la diplomatie britannique, insiste sur la nécessité de restaurer « un équilibre stratégique régional par le droit et non par la force ». Cette approche conditionnelle vise à empêcher une reconnaissance de facto d’un État partiellement militarisé, et potentiellement ingérable pour les chancelleries occidentales.

Risques pour la doctrine militaire israélienne

Israël fonde une grande partie de sa sécurité sur un principe : la dissuasion asymétrique. Toute reconnaissance prématurée de la Palestine remet en cause cette stratégie. Elle offre au Hamas, indirectement, une victoire symbolique, et pourrait stimuler d’autres groupes radicaux dans la région.

Des analystes militaires israéliens considèrent que cette reconnaissance risque de provoquer une reconfiguration des alliances régionales, voire d’alimenter un réarmement à plus large échelle. Déjà, des rumeurs évoquent un accroissement de l’aide militaire iranienne à certains groupes proches du Hamas, pour compenser la pression internationale.

Vers un théâtre élargi d’affrontement hybride

Les implications stratégiques dépassent la Palestine. Le soutien occidental à une reconnaissance pourrait provoquer des réactions dans les hauts commandements de la région. La Turquie, par exemple, a appelé à une coalition militaire d’observation, et le Koweït a évoqué la création d’un corridor humanitaire sécurisé – c’est-à-dire potentiellement militarisé – en Cisjordanie.

Si les tensions s’exacerbent, la région pourrait basculer dans une configuration d’affrontement hybride, mêlant guerre asymétrique, opérations psychologiques, et interventions diplomatiques musclées. La France, en initiant cette reconnaissance, entre dans cette zone grise avec des instruments essentiellement diplomatiques, là où les autres acteurs mobilisent des leviers militaires.

La reconnaissance de la Palestine n’est pas un geste neutre. Dans un contexte où les lignes de front ne sont pas figées, elle a un impact opérationnel immédiat. En légitimant une entité partiellement militarisée, les États signataires jouent un jeu risqué, où l’équilibre stratégique régional pourrait rapidement se dérégler.

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