Le 8 décembre 2025, la Royal Navy a dévoilé un changement doctrinal majeur dans sa lutte contre les sous-marins russes. L’annonce intervient dans un contexte de tensions persistantes entre la Russie et l’Occident, sur fond de guerre en Ukraine et de pressions croissantes sur les infrastructures stratégiques européennes.
Royal Navy et Poutine : une traque sous-marine devenue prioritaire
La Royal Navy assume désormais ouvertement une stratégie de chasse active aux sous-marins russes. L’état-major britannique confirme que l’intelligence artificielle devient un outil central de cette nouvelle doctrine. L’objectif affiché est clair. Sécuriser durablement les fonds marins autour du Royaume-Uni. Cette transformation repose sur un programme nommé Atlantic Bastion, combinant navires de guerre, aéronefs et véhicules autonomes dotés d’IA. La Royal Navy entre ainsi dans une nouvelle ère de surveillance permanente sous les océans.
Cette montée en puissance répond à une évolution jugée inquiétante par Londres. Selon le ministère britannique de la Défense, l’activité des sous-marins russes a augmenté de 30 % en deux ans dans les eaux proches du Royaume-Uni. Ce chiffre, confirmé début décembre, explique le durcissement du ton face à Vladimir Poutine. Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a résumé la doctrine sans détour en affirmant que le Royaume-Uni « traque » désormais les submersibles russes. Cette déclaration, largement reprise, marque une rupture dans la communication militaire britannique, traditionnellement plus mesurée.
La Royal Navy cherche aussi à protéger ses infrastructures critiques. Les câbles de télécommunication, les pipelines et les installations énergétiques sous-marines sont désormais considérés comme des cibles potentielles. L’exemple des sabotages de Nord Stream a renforcé cette prise de conscience. Dans cette logique, Londres estime que la posture défensive héritée de la guerre froide ne suffit plus face à une Russie jugée plus audacieuse.
Le premier Sea Lord, Sir Gwyn Jenkins, a justifié cette nouvelle orientation stratégique par l’évolution constante des menaces. Il a déclaré que la Royal Navy est « une marine qui prospère lorsqu’on la laisse s’adapter et évoluer », insistant sur le fait que les menaces, elles, « n’ont jamais cessé de bouger ». Cette déclaration marque une rupture doctrinale assumée face à Vladimir Poutine et à l’environnement stratégique issu de la guerre en Ukraine.
Royal Navy, sous-marins russes et coopération avec la Norvège
La montée en puissance de la Royal Navy ne s’effectuera pas seule. Le Royaume-Uni s’appuie sur une coopération étroite avec la Norvège, acteur clé du flanc nord de l’OTAN. Les deux pays ont décidé de mobiliser une flotte conjointe d’au moins 13 navires pour traquer les sous-marins russes dans l’Atlantique Nord. Cette force vise à sécuriser un espace stratégique vital entre le Groenland, l’Islande et le Royaume-Uni. Cette zone, appelée couloir GIUK, constitue un passage obligé pour la flotte russe basée dans l’Arctique.
Cette coopération repose sur des frégates spécialisées dans la lutte anti-sous-marine, des aéronefs de surveillance maritime et des drones autonomes équipés de capteurs acoustiques. Le dispositif s’inscrit dans la logique d’Atlantic Bastion, qui vise à construire un maillage permanent de détection sous-marine. Selon les autorités britanniques, ce réseau permettra d’identifier plus rapidement les déplacements de submersibles russes et de réduire les zones d’ombre qui subsistent encore dans l’Atlantique Nord.
La Royal Navy a déjà affronté des situations tendues face à Moscou. Un précédent incident a impliqué le navire espion russe Yantar, repéré dans les eaux britanniques. À l’époque, un sous-marin nucléaire d’attaque britannique avait été déployé pour signifier à l’équipage russe qu’il était sous surveillance. Cet épisode, largement commenté à Londres, a servi de déclencheur politique à la nouvelle doctrine de dissuasion active vis-à-vis de Vladimir Poutine.
Dans ce contexte, la guerre en Ukraine agit comme un accélérateur stratégique. Le conflit a démontré la capacité de la Russie à combiner opérations conventionnelles, sabotages ciblés et pressions hybrides. Pour les planificateurs britanniques, les fonds marins sont désormais un nouveau théâtre de confrontation directe avec le Kremlin. La Royal Navy anticipe ainsi une extension du champ de bataille bien au-delà du front terrestre ukrainien.
Royal Navy, intelligence artificielle et conséquences pour la guerre en Ukraine
L’introduction massive de l’intelligence artificielle dans les capacités navales de la Royal Navy modifie les équilibres militaires européens. Le programme Atlantic Bastion ne se limite pas à une simple modernisation. Il s’agit d’une transformation structurelle de la manière dont les forces navales détectent, suivent et neutralisent les menaces sous-marines. Les autorités britanniques affirment que les premières mises en œuvre opérationnelles interviendront dès le début de l’année 2026.
Cette évolution technologique envoie un signal stratégique clair à Vladimir Poutine. Le message est double. Premièrement, le Royaume-Uni affirme sa capacité à détecter toute présence russe à proximité de ses côtes. Deuxièmement, il démontre sa volonté d’assumer une posture offensive dans la protection de ses intérêts sous-marins. John Healey évoque ainsi la création d’une « force hybride hautement avancée » destinée à détecter, dissuader et, si nécessaire, neutraliser toute menace.
Pour la guerre en Ukraine, cette annonce a plusieurs conséquences indirectes. D’un côté, elle renforce la dissuasion occidentale face à d’éventuelles opérations russes contre les infrastructures énergétiques maritimes qui alimentent l’Europe. De l’autre, elle libère potentiellement des capacités ukrainiennes et alliées sur d’autres fronts, en assumant une part plus importante de la surveillance dans l’Atlantique Nord. La Royal Navy devient ainsi un pilier central du dispositif maritime de l’OTAN face à la Russie.
Les premiers contrats liés à Atlantic Bastion ont été annoncés pour un montant initial de plusieurs millions d’euros au taux de conversion actuel. Ces investissements devraient s’étendre sur plusieurs années, impliquant les chantiers navals, les industriels du drone et les acteurs de l’intelligence artificielle militaire. La Royal Navy ancre ainsi durablement sa transformation dans l’économie de défense du Royaume-Uni.
La Russie, de son côté, n’a pas officiellement réagi à cette annonce. Mais l’affirmation publique de la traque des sous-marins russes constitue déjà un acte politique. À travers cette communication assumée, Londres cherche autant à dissuader qu’à rassurer ses alliés européens. Dans la bataille informationnelle liée à la guerre en Ukraine, la démonstration technologique devient une arme stratégique à part entière.
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