Sécurité aérienne : la biométrie obligatoire pour les contrôleurs français

Le 7 septembre 2025, le Journal officiel a publié le décret n° 2025-912 autorisant le recours à la biométrie pour les contrôleurs aériens. Désormais, chaque agent devra s’authentifier à l’aide de ses empreintes digitales avant de prendre place dans sa tour ou son centre. Présentée comme une réponse aux failles révélées après un incident grave survenu fin 2022, cette réglementation risuqe de faire des remous.

Sécurité aérienne : la biométrie devient la norme

La mise en œuvre du système de présence sur site, ou SPS, s’inscrit dans une stratégie globale de sécurisation du contrôle aérien. Concrètement, chaque contrôleur doit enregistrer deux empreintes digitales et ces données, stockées uniquement sur son badge, permettent une double vérification : badge et empreinte. À chaque prise de poste et à chaque fin de vacation, l’agent doit pointer devant une badgeuse. Les informations transmises concernent uniquement l’horaire et l’identité validée, sans conservation centrale des empreintes.

Ce fonctionnement a reçu l’aval de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Dans sa délibération du 15 mai 2025, elle estime que « le traitement est justifié […] par le motif d’intérêt public important que constitue la sécurité aérienne » et juge le dispositif « nécessaire » et « proportionné ». La CNIL précise néanmoins attendre un protocole d’évaluation détaillé afin de mesurer l’impact du dispositif sur les conditions de travail.

Le ministère des Transports insiste sur le caractère essentiel de cette innovation. « J’ai souhaité mener à terme cette réforme essentielle. L’installation de la pointeuse biométrique répond à une exigence de renforcement de la sécurité, dans le respect des recommandations formulées par les autorités compétentes », a déclaré le ministre Philippe Tabarot dans un communiqué officiel. Selon le ministère, environ 300 badgeuses biométriques seront installées dans les tours et centres de contrôle, en métropole comme outre-mer, pour un coût global estimé à moins de 5 millions d’euros.

Les syndicats craignent une surveillance excessive

Si le gouvernement met en avant l’intérêt sécuritaire du dispositif, les syndicats de contrôleurs pointent une logique de surveillance qu’ils jugent excessive. Pour l’UNSA-ICNA, première organisation représentative, la biométrie ne traite pas le problème majeur : le manque chronique de personnels.

Ces critiques s’ancrent dans un contexte de tension sociale. Depuis plusieurs années, la Cour des comptes dénonçait l’opacité du système d’absences, qualifié d’« inacceptable » dès 2010. L’affaire avait refait surface après l’incident du 31 décembre 2022 à Bordeaux-Mérignac, où une quasi-collision entre un Airbus A320 et un avion de tourisme Robin DR400 avait mis en lumière les difficultés d’organisation dans la salle de contrôle. À la suite de cet événement, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) avait recommandé un enregistrement nominatif et automatisé des prises de poste.

Pour de nombreux agents, la biométrie transforme toutefois la relation de confiance avec l’administration. Certains redoutent que cette obligation renforce un climat de défiance et accentue les tensions autour du métier de contrôleur.

L’échéance fixée par le ministère est claire : le SPS doit être pleinement opérationnel dans les principaux centres d’ici la fin de l’année 2025. En parallèle, un autre système baptisé SAPC (système d’affectation nominative sur position de contrôle) doit voir le jour en 2026, afin de lier la présence effective au poste précis occupé dans la salle.

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