Le géant européen des semi-conducteurs, ASML, est dans le viseur des États-Unis. Un rapport parlementaire met en avant les liens de l’entreprise avec la Chine.
La stratégie d’ASML agace les États-Unis
Le 7 octobre 2025, la commission spéciale du Congrès américain sur la compétition entre les États-Unis et la Chine a publié un rapport mettant directement en cause ASML. L’entreprise, leader mondial des équipements de lithographie utilisés dans la fabrication des semi-conducteurs, est accusée d’avoir contribué, par ses ventes à des sociétés chinoises, à renforcer les capacités militaires et industrielles de Pékin.
Selon le rapport parlementaire américain, ASML et quatre autres fabricants d’équipements pour semi-conducteurs auraient vendu pour environ trente-huit milliards de dollars de matériel à la Chine en 2024. Ces chiffres, issus d’une enquête conjointe menée auprès de sociétés situées aux États-Unis, au Japon et aux Pays-Bas, révèlent que près de 39 % des revenus globaux de ces groupes proviendraient de clients chinois. Cette dépendance économique interpelle Washington, qui voit dans ces échanges une menace directe pour la sécurité de ses infrastructures technologiques.
Le président républicain de la commission, John Moolenaar, a dénoncé des pratiques jugées irresponsables. Selon lui, « les entreprises concernées produisent des équipements que la Chine utilise pour alimenter ses ambitions militaires tout en augmentant leurs profits, au détriment de la sécurité des États-Unis ». Cette déclaration résume la position du Congrès face à ce qu’il considère comme une compromission stratégique. Les autorités américaines soulignent que 70 % des systèmes DUV d’ASML ont été livrés à la Chine en 2024, contre 26 % deux ans plus tôt. Cette progression spectaculaire illustre la rapidité avec laquelle Pékin a consolidé son accès aux technologies de production de puces.
Une course technologique mondiale accélérée par Pékin
Les autorités américaines accusent la Chine d’exploiter ces technologies pour développer une industrie des semi-conducteurs autonome, capable de rivaliser avec les États-Unis et leurs alliés. Le rapport précise que plusieurs entreprises chinoises, dont SMIC, sont directement impliquées dans des programmes militaires ou dans la production de puces destinées à des applications stratégiques. Cette situation, selon les membres de la commission, constitue une menace globale pour la stabilité technologique et militaire internationale.
Les enquêteurs américains affirment que ces équipements occidentaux permettent à la Chine d’améliorer ses capacités en matière de surveillance, de défense et d’intelligence artificielle. Ils évoquent également des risques pour les droits de l’homme, notamment l’utilisation de technologies de pointe pour renforcer les dispositifs de contrôle et de répression numérique. Les conclusions du rapport mentionnent que la politique de restrictions américaines, censée limiter l’accès de la Chine aux machines de gravure les plus avancées, n’a pas empêché la hausse continue des exportations d’équipements dits « intermédiaires ». Ces outils, bien que moins sophistiqués que les modèles EUV, restent essentiels à la production de semi-conducteurs modernes.
La publication du rapport a provoqué de vives réactions à Washington et à La Haye. Plusieurs responsables américains ont réclamé un renforcement immédiat des contrôles à l’exportation et une extension des restrictions aux technologies moins sensibles mais jugées critiques.
ASML, de son côté, affirme respecter scrupuleusement les lois internationales et les règles d’exportation imposées par son gouvernement. L’entreprise précise que ses ventes à la Chine représentaient 36 % de son chiffre d’affaires en 2024, un chiffre qu’elle anticipe en baisse à environ 25 % pour 2025.
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