SYDERAL : la France veut son arme laser anti-drones

Le 22 août 2025, la Direction générale de l’armement (DGA) a notifié un marché majeur pour le développement de SYDERAL (Système Laser de Défense de Nouvelle Génération). Ce démonstrateur de forte puissance s’inscrit dans la Loi de programmation militaire 2024-2030 et doit répondre à l’évolution rapide de la menace aérienne, marquée par la prolifération des drones tactiques et des munitions rôdeuses. Objectif : équiper les forces armées françaises à l’horizon 2030 d’un système laser souverain et compétitif face aux avancées américaines, chinoises et israéliennes.

SYDERAL : Une architecture modulaire pour une puissance inédite

SYDERAL doit délivrer une puissance de plusieurs dizaines de kilowatts, un saut capacitaire significatif par rapport au démonstrateur HELMA-P testé depuis 2020. L’innovation clé repose sur la combinaison et la concentration de faisceaux laser, technologie permettant de générer une énergie focalisée sur des cibles rapides et de petite taille.

Le système se veut compact, modulaire et évolutif, adapté à une intégration sur différentes plateformes terrestres et navales. Conçu pour être opérationnel de jour comme de nuit, il inclura un suivi vidéo automatique de haute précision et une optique adaptative capable de corriger les turbulences atmosphériques. Ces éléments doivent garantir, selon la DGA, une « efficacité accrue par rapport aux systèmes étrangers déjà testés ».

Des cibles élargies : des drones aux munitions téléopérées

La menace ne se limite plus aux drones de loisir ou tactiques. Les armées doivent aussi composer avec des roquettes, obus de mortier et munitions téléopérées capables de saturer les défenses classiques. SYDERAL sera évalué contre ces menaces dites « à bas coût », où la rentabilité de la défense est primordiale.

Contrairement à une batterie de missiles sol-air, chaque tir de laser représente un coût marginal proche de zéro une fois l’architecture déployée. Cette économie, combinée à la vitesse de propagation de la lumière, offre des perspectives inédites en matière d’interception et de résilience.

L’armée française n’en est pas à son coup d’essai : le HELMA-P de CILAS, d’une puissance de 2 kW, avait déjà démontré en 2022 sa capacité à détruire un drone en quelques secondes depuis la frégate Forbin. Ce système avait ensuite protégé les Jeux olympiques de Paris 2024, confirmant l’intérêt opérationnel de la technologie. SYDERAL représente l’étape suivante, avec un objectif de neutralisation élargie et une montée en puissance vers des cibles plus complexes, notamment les missiles.

Un consortium industriel et une stratégie souveraine pour le projet SYDERAL

La réussite de SYDERAL repose sur un partenariat industriel inédit.

  • MBDA : intégration système et expertise en architecture de défense.
  • Safran Electronics & Defense : capteurs et systèmes de poursuite optique.
  • Thales : électronique et systèmes de commandement.
  • CILAS : sources laser de haute énergie.

Cette alliance s’appuie sur un socle posé en 2024, avec une notification de 10 millions d’euros attribuée à Lumibird et CILAS. L’objectif initial était de développer une filière nationale de sources laser combinables. Désormais, SYDERAL devient la première marche vers une arme laser stratégique souveraine, capable de rivaliser avec les développements américains (programmes HELIOS et DE M-SHORAD), israéliens (Iron Beam) et chinois.

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