L’étude menée par des chercheurs de l’Université d’État de l’Arizona (ASU) sur le site de Shinfa-Metema 1 en Éthiopie éclaire d’un jour nouveau la dispersion des premiers humains hors d’Afrique. Leurs travaux révèlent que ces populations n’ont pas seulement survécu à la superéruption du supervolcan Toba il y a environ 74 000 ans, mais qu’elles se sont également adaptées à des environnements arides et ont migré le long de « autoroutes bleues » créées par des rivières saisonnières.
Des humains flexibles face à l’adversité
L’éruption de Toba a eu un impact global dévastateur, plongeant la Terre dans un hiver volcanique prolongé. Cependant,les populations humaines de Shinfa-Metema 1 ont démontré une remarquable résilience. La géochimie des dents de mammifères et des coquilles d’œufs d’autruche indique qu’elles vivaient déjà dans un environnement aride avant la catastrophe.
Face à l’accentuation de la sécheresse post-éruption, ces populations ont développé des stratégies d’adaptation ingénieuses. Elles ont intensifié la chasse aux animaux se rassemblant autour des points d’eau rares, se sont tournées vers la pêche lorsque les rivières saisonnières se sont réduites et ont probablement exploité d’autres ressources aquatiques.
Les « autoroutes bleues » et la dispersion humaine
L’étude suggère que ces rivières saisonnières ont joué un rôle crucial dans la dispersion humaine hors d’Afrique. En périodes de sécheresse, lorsque les points d’eau se raréfiaient, les populations auraient été poussées à se déplacer le long de ces « autoroutes bleues » vers de nouvelles sources de nourriture et d’eau. Ce mouvement aurait pu faciliter la dispersion des humains modernes vers d’autres régions d’Afrique et, eventually, vers le reste du monde.
Les plus anciennes preuves du tir à l’arc
Outre leur adaptabilité remarquable, les occupants de Shinfa-Metema 1 ont également laissé derrière eux des vestiges technologiques importants. Des pointes de projectiles en pierre triangulaires symétriques, datant de l’époque de la superéruption de Toba, constituent les plus anciennes preuves à ce jour de l’utilisation de l’arc et des flèches. Cette innovation technologique aurait pu accroître leur efficacité à la chasse et leur conférer un avantage concurrentiel dans leur environnement changeant.
Conclusion
L’étude du site de Shinfa-Metema 1 par l’ASU offre un aperçu précieux de la résilience et de la capacité d’adaptation des premiers humains face à des bouleversements environnementaux majeurs. Elle démontre que ces populations n’étaient pas seulement des victimes passives de leur environnement, mais des acteurs actifs capables d’exploiter les ressources disponibles et de développer de nouvelles technologies pour survivre et prospérer. Les « autoroutes bleues » créées par les rivières saisonnières ont probablement joué un rôle clé dans leur dispersion hors d’Afrique, contribuant ainsi à peupler le reste du globe.