Trump veut deux fois plus de missiles pour faire face à la Chine

Un plan ambitieux du Pentagone, révélé en exclusivité par le Wall Street Journal, vise à doubler, voire quadrupler la cadence de production de missiles américains. Cette décision, soutenue par Donald Trump, intervient dans un contexte de tensions croissantes avec la Chine et illustre la volonté des États-Unis d’anticiper un conflit potentiel en consolidant leurs arsenaux stratégiques.

Une initiative pensée pour l’Indo-Pacifique

Le 29 septembre 2025, des responsables américains ont confirmé que le département de la Défense a lancé une initiative d’accélération destinée à garantir une supériorité technologique et quantitative face à Pékin. Selon le Pentagone, l’effort s’organise autour d’un « Conseil pour l’accélération des munitions », directement piloté par le secrétaire adjoint à la Défense, Steve Feinberg. L’objectif affiché est d’augmenter de façon radicale les volumes sortant des chaînes d’assemblage afin de constituer des stocks suffisants pour faire face à un engagement majeur dans le Pacifique.

Les autorités insistent sur la nécessité de sécuriser des approvisionnements réguliers. Les réunions se multiplient avec les grands maîtres d’œuvre de l’armement américain, notamment Lockheed Martin, Raytheon et Boeing. Ces échanges portent autant sur la logistique que sur la standardisation des processus industriels. Comme l’a souligné un haut responsable du Pentagone, « il faut aller deux à quatre fois plus vite qu’aujourd’hui pour fournir les douze systèmes de missiles identifiés comme critiques ».

Les missiles concernés par la montée en cadence

Le plan du Pentagone se concentre sur une douzaine de programmes considérés comme prioritaires. Parmi eux figurent les missiles Patriot PAC-3, essentiels à la défense antiaérienne et antimissile, mais aussi les Standard Missile-6 destinés aux bâtiments de surface, les Long Range Anti-Ship Missiles pour neutraliser les flottes adverses, ainsi que les Joint Air-to-Surface Standoff Missiles (JASSM) capables de frapper des cibles stratégiques à grande distance. Le Precision Strike Missile, nouvelle munition de l’US Army, fait également partie de la liste.

Pour donner une idée des ambitions, le Pentagone souhaite disposer d’environ 2 000 missiles PAC-3 sur la période 2024-2026. Cette capacité représenterait près de quatre fois le rythme actuel de production et impliquerait des investissements industriels massifs. « Notre priorité est de garantir que chaque théâtre d’opérations dispose d’un volume de munitions crédible », a indiqué un porte-parole de la Défense, confirmant la volonté américaine de dissuader toute tentative chinoise en mer de Chine méridionale ou autour de Taïwan.

Les défis industriels et technologiques

Si la feuille de route apparaît claire, sa mise en œuvre soulève des interrogations majeures. Les responsables américains reconnaissent que la chaîne d’approvisionnement en composants critiques reste fragile. Les moteurs de propulsion, les systèmes de guidage de haute précision et certaines pièces électroniques souffrent déjà de pénuries. Doubler ou quadrupler les cadences nécessitera donc un renforcement massif des partenariats avec les fournisseurs de rang intermédiaire.

Le Pentagone a par ailleurs admis que la main-d’œuvre spécialisée constitue un point de tension. Les compétences nécessaires à la production de missiles sont rares et demandent une formation longue. Washington envisage donc de soutenir financièrement la montée en puissance de plusieurs sites industriels, y compris à l’étranger lorsque les capacités alliées peuvent être mobilisées. À ce titre, l’entreprise européenne MBDA a confirmé travailler sur des lanceurs Patriot et prévoit des premières livraisons en 2027. Cette coopération illustre l’effort collectif entrepris au sein du camp occidental pour accroître les capacités défensives.

La stratégie de Trump face à Pékin

Donald Trump a personnellement soutenu cette accélération, estimant que seule une augmentation drastique des stocks de missiles permettrait de « rendre la guerre impensable ». Le président des Etats-Unis avait déjà insisté sur la nécessité de réorienter la base industrielle américaine vers une logique de mobilisation, avec des cadences inspirées de l’époque de la guerre froide. Le Pentagone rappelle que l’enjeu n’est pas seulement militaire, mais aussi politique : démontrer à Pékin que les États-Unis conservent la capacité de répliquer à toute agression.

Les experts militaires soulignent que la Chine a, de son côté, développé un arsenal considérable de missiles balistiques et de croisière, capables de menacer directement les bases américaines du Pacifique. Le doublement de la production américaine vise donc à rééquilibrer un rapport de force de plus en plus tendu. « Nous devons disposer de volumes qui garantissent la liberté d’action des forces américaines », a insisté un haut responsable du département de la Défense.

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