Le 4 novembre 2025, le Pentagon a autorisé une étape décisive dans l’examen d’une demande d’achat de F-35 par l’Arabie saoudite, ouvrant la voie à la première vente de ce type à un pays arabe. Cette avancée sans précédent intervient dans un contexte où l’arsenal des États-Unis sert à la fois d’instrument industriel et de levier diplomatique sous l’administration Donald Trump.
Le contrat potentiel : portée industrielle et technologique
La demande de l’Arabie saoudite concerne jusqu’à 48 chasseurs multirôles F-35A, selon Reuters. Ce nombre correspond à environ deux escadrons complets pour une force aérienne moderne. Le constructeur Lockheed Martin est l’un des principaux bénéficiaires potentiels, ses chaînes de production et ses sous-traitants étant mobilisés pour répondre à la demande.
D’un point de vue technologique, le F-35 incarne la 5ᵉ génération de combats aériens (furtivité, fusion de capteurs, connectivité). Une telle vente marquerait donc une montée en gamme pour la force aérienne saoudienne.
Cependant, le choix n’est pas uniquement industriel : il est aussi politique, car ce contrat pourrait déclencher une vague de modernisation dans la région et intensifier la compétition entre fournisseurs d’armes occidentaux.
Répercussions géopolitiques et équilibre régional
Autoriser l’Arabie saoudite à acheter le F-35 remet en question la politique américaine visant à préserver la supériorité militaire qualitative de l’Israël, rappelle AeroTime. En effet, Israël reste actuellement le seul pays du Moyen-Orient à disposer de cet avion, ce qui constitue un pilier de sa dissuasion aérienne. Une vente à Riyad pourrait donc bouleverser l’équilibre régional des pouvoirs.
Par ailleurs, cette transaction s’inscrit dans la stratégie de l’Arabie saoudite visant à moderniser ses forces armées via le programme Vision 2030 et à diversifier ses partenariats technologiques. Elle enverrait aussi un signal fort à l’Iran et aux autres acteurs régionaux. Du côté américain, le dossier illustre sous l’administration Trump une volonté de relancer les exportations de défense comme outil diplomatique clé.
Enjeux industriels, alliances stratégiques et rivalités commerciales
L’ouverture de ce marché à l’Arabie saoudite soulève des défis industriels majeurs. Le fait de livrer un système aussi avancé que le F-35 implique de partager ou protéger certains composants sensibles, ce qui peut limiter l’attrait pour Riyad si des contraintes sont jugées trop lourdes. De plus, la concurrence européenne — via des appareils comme le Rafale ou l’Eurofighter — pourrait s’intensifier, cherchant à compenser ce marché perdu ou retardé.
Sur l’alliance américaine, cet accord renforcerait la dépendance de Riyad aux États-Unis pour la logistique, la maintenance et la formation, tout en consolidant les industriels américains. Il pose par ailleurs la question de savoir jusqu’où Washington est prêt à aller dans l’ouverture de ses systèmes d’armes les plus avancés à d’autres nations. Face à cela, les adversaires de cette vente au Congrès américain invoquent des risques de divulgation technologique ou des considérations de droits humains.
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