Vers la fin des années 2010, la Royal Navy se retrouvait à un tournant important, face à de nombreux défis opérationnels. Avec une flotte réduite à seulement dix-neuf navires de premier rang – composée de six destroyers de Type 45 et de treize frégates de Type 23 – la marine britannique devait se réorganiser pour garder ses capacités militaires. Ce constat est d’autant plus préoccupant que le nombre total s’élevait encore à trente-et-une unités en 2005. Protéger les abords maritimes du Royaume-Uni, remplir ses engagements au sein de l’OTAN ou encore déployer des forces « à l’est de Suez » nécessitent une disponibilité maximale des bâtiments.
Des retraits forcés et des remplacements en vue
Les difficultés de recrutement ont poussé la Royal Navy à retirer prématurément cinq frégates de Type 23 : le HMS Monmouth en 2021, le HMS Montrose en 2023, ainsi que le HMS Argyll et le HMS Westminster en 2024. Le HMS Northumberland n’a pas pu terminer son dernier carénage à cause de dommages structurels. Pour compenser, un programme ambitieux prévoit de remplacer ces navires par huit frégates de Type 26 – avec deux livrées en 2028 – et par cinq frégates de Type 31, le HMS Venturer étant attendu pour 2027.
Pourtant, garder ces bâtiments en condition opérationnelle reste un sacré défi, souvent réduit par des problèmes de sécurité. En théorie, quatorze navires sont disponibles, mais leur disponibilité réelle est souvent réduite par des soucis techniques.
Le cas emblématique du HMS Daring
Le destroyer HMS Daring illustre bien les problèmes techniques de la Royal Navy. Lancé en 2006 et entré en service en 2009, ce navire a été immobilisé pendant plus de 3 000 jours. Conçu pour atteindre un déplacement de 7 350 tonnes, mesurer 152,4 mètres de long, et équipé du système PAAMS avec quarante-huit missiles Aster ainsi que huit missiles antinavires Harpoon, le Daring a rencontré des problèmes sérieux dans les mers chaudes. Ces défaillances sont dues à un défaut de conception du refroidisseur intermédiaire fourni par Northrop Grumman, qui affecte les turbines à gaz Rolls-Royce WR-21.
Retiré du service en avril 2017 pour une refonte technique qui s’est étalée jusqu’à fin 2022, le Daring a ensuite été remorqué pour recevoir de nouveaux générateurs dans le cadre du Power Improvement Project (PIP). On attend qu’il reprenne les essais en janvier 2026.
Comparaison à l’international et perspectives
La différence de situation entre la Royal Navy et la Marine nationale française met en lumière deux approches bien distinctes face aux défis technologiques. Tandis que la France a amélioré la disponibilité de ses navires grâce au Service de soutien de la flotte (SSF), atteignant un taux de 75-80 %, la Royal Navy peine avec seulement deux frégates de défense aérienne disponibles sur six, et trois frégates ASM sur neuf.
Lors d’une audition parlementaire, l’amiral Nicolas Vaujour a expliqué : « Cet effort […] porte ses fruits aujourd’hui. J’ai la chance d’avoir entre 75 et 80 % de disponibilité en parc […] En termes de frégates ASM [anti-sous-marines], ils sont à trois sur neuf. J’ai plus de disponibilité qu’eux alors qu’ils ont beaucoup plus de frégates que moi ».
Se diriger vers une mise à jour nécessaire
Même si les retards et les coûts élevés du développement des destroyers Type 45 pèsent lourd, la Royal Navy reste déterminée à tenir ses engagements opérationnels. Le programme Horizon qui devait initialement être mené de pair avec la France et l’Italie a été abandonné par le Royaume-Uni au profit du développement des Type 45. Cette décision a engendré des difficultés techniques qui demandent aujourd’hui des solutions onéreuses.
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